Alors que je n’avais pas encore démarré mon doctorat en Psychologie mais que j’avais déjà pour projet de rédiger une thèse par article (dite aussi « thèse par publication scientifique »), j’ai été surpris d’entendre un sociologue dire à propos de la thèse par articles, la thèse par publications scientifiques :
« C’est une baisse radicale de l’exigence vis-à-vis de l’exercice. Après je ne dis pas que c’est une mauvaise chose. »
Dans une autre conférence, Bruno Gachassin, Docteur en sciences de l’éducation évoque une étude sur les représentations des doctorants qui connaissent visiblement mal cette modalité, et voient quelquefois la thèse par articles comme une « solution de facilité ».
Enfin, Florence Sordes, Maître de conférences HDR en Psychologie de la santé à Toulouse dit, lors d’une interview :
Vu que, de mon côté, je pensais justement que rédiger une thèse par articles allait constituer une plus-value reposant sur un niveau de difficulté supplémentaire, je ne sus trop quoi penser.
Mais je souhaitais ardemment rédiger une thèse par articles, car cela correspond au format le plus adapté pour répondre à mes objectifs personnels de recherche.
Dans cet article, j’évoquerai ce qu’est et ce que représente la thèse par articles, ses caractéristiques, ses avantages et inconvénients, son contenu et sa structure et je proposerai deux exemples complets de thèse par publications dans deux disciplines distinctes ; enfin, je reviendrai sur la question de savoir si ce type de thèse peut être considéré comme une thèse au rabais.
La thèse par article (thèse par publication), c’est quoi ?
La thèse par article dite aussi thèse par publication (thesis by publication) est un format de thèse autorisé maintenant par les écoles doctorales des universités où les étudiants rassemblent une série de publication scientifiques (notamment des articles) qu’ils ont écrits au cours de leur recherche doctorale, au lieu d’écrire un document de thèse unique (monographie) qui est le format de thèse classique.
Ces publications ont généralement été publiées ou au moins soumises à publication dans des revues scientifiques à comité de lecture (les consignes sur le nombre, le type et l’état de publication étant indiqué par chaque École Doctorale).
Ce format de thèse est souvent utilisé dans les domaines de la science, de la technologie et de la médecine, où les publications dans des revues à comité de lecture sont un indicateur important de la qualité de la recherche.
Le terme « article » ou « publication » désigne un rapport de recherche présenté sous la forme d’un article de revue scientifique, d’un chapitre de livre, d’un article de conférence publié ou de toute autre forme de travail scientifique écrit préparé pour être soumis à publication.
Il s’agit de publications dont il peut être démontré qu’elles ont été soumises à un processus d’évaluation par les pairs. Ce processus étant similaire à celui des articles de revues, évalués par des pairs mais qui peuvent être aussi certifiés par le superviseur – ce qui équivaut à une évaluation universitaire.
Ne soyons pas dupes : l’article scientifique soumis à un comité de lecture doit représenter la base de toute thèse par articles (même si les autres types de publications peuvent être autorisés en complément, s’ils apportent de la valeur à la connaissance scientifique).
De plus, il faut savoir que la thèse par articles semble beaucoup plus populaire dans les sciences dites dures que dans les sciences humaines et sociales. Aussi, ce type de thèse est-il beaucoup plus répandu dans le monde anglo-saxon et les pays nordiques que dans les pays francophones.
Si vous faites le choix d’une thèse par articles, vous devrez présenter votre projet de recherche en tenant compte des conditions afférentes à ce type de thèse particulier, et justifier la raison pour laquelle vous souhaitez vous engager dans ce type de thèse. Vous devez aussi expliquer comment ce dernier va répondre à votre projet de recherche.
Toutefois, au début de vote travail de rédaction, il est fort probable que vous n’ayez pas sous la main, l’ensemble des textes publiés (puisque la plupart seront édités, au cours même de vos années de doctorat).
Rassurez-vous sur ce point : vous aurez la possibilité de construire votre thèse par articles, au fur et à mesure de l’avancement de votre doctorat.
Comme indiqué, la thèse par articles répond à un format de thèse qui se fonde sur la gestion de projets avec la planification de plusieurs objectifs de publications au cours de la thèse.
Je présente ci-dessous dans la Figure 1 un exemple de diagramme de Gantt d’un projet de thèse par articles fondé sur la publication prévisionnelle de 4 études scientifiques durant trois années de thèse. Les études se succèdent pour l’exemple mais la réalité fait qu’elles se chevauchent et que l’on se retrouve souvent à travailler sur deux études à différents stades d’avancement.
Avantages et inconvénients de la thèse par articles, par publications
Quelles sont les bonnes raisons et les mauvaises raisons de faire une thèse par article ou par publication ?
Les bonnes raisons de s’engager dans une thèse par articles
- Votre problématique s’y prête et la thèse par articles correspond à la méthode permettant de répondre à celle-ci. Par exemple, j’ai fait ce choix car ma recherche porte sur la manière d’évaluer et d’améliorer la qualité de vie des résidents en EHPAD, en maison de retraite. Je tente d’y répondre au travers d’une série d’articles, liés les uns aux autres avec une progression cohérente selon une gestion de projet.
- Connaître et se familiariser à la pratique de la publication académique : s’engager dans le processus de publication d’articles fournit un apprentissage authentique des attentes et des normes de l’édition académique (Aitchison, Kamler & Lee 2010). Les directeurs de thèse peuvent guider les doctorants tout au long du processus complexe consistant à soumettre des articles, à traiter avec des éditeurs de revues, à répondre aux commentaires des réviseurs, à comprendre les réglementations en matière de droit d’auteur etc.
- Vous êtes motivé pour décrocher un poste académique : dans la vaste majorité des pays occidentaux, pour ceux qui souhaitent ardemment occuper des postes académiques, les publications sont essentielles. Sans cela, il est peu probable qu’un titulaire de doctorat fasse l’objet de contrats à long terme ou à temps plein. Ce format de publication augmente donc l’accès des titulaires de doctorats, à un poste de maitre de conférences.
- Garder le cap et l’élan : pour certains doctorants, soumettre un travail à publication donne une impression de progresser, ce qui peut être gratifiant et motivant. En créant des moments d’achèvement en cours de route, les doctorants peuvent passer à la partie suivante du projet (au moins jusqu’à ce que les commentaires des réviseurs arrivent et nécessitent des révisions). Ce modèle qui divise le projet en parties distinctes peut être particulièrement utile pour les doctorants qui travaillent intensément à leur doctorat avant de vivre des périodes plus ou moins longues sans pouvoir se concentrer sur leur recherche.
- Renforcer votre Identité de chercheur : la publication de recherches dans des revues scientifiques sérieuses peut fournir aux doctorants un atout important pour leur permettre de savoir que leurs recherches atteignent le public qui partage leurs intérêts intellectuels. Une telle validation de leur travail contribue grandement à « se sentir un vrai chercheur ».
Désavantages et mauvaises raisons de s’engager dans une thèse par articles
Dans certaines situations, rédiger une thèse par publication peut ne pas être approprié et même contre-indiqué.
- La forme et la logique du projet : certains projets de recherche ne peuvent tout simplement pas être divisés en chapitres, sous la forme d’articles. Dans les thèses présentant un véritable travail de recherche, la thèse globale repose sur un argument cumulatif qui se construit petit à petit – chaque chapitre dépendant des chapitres antérieurs et suivants. Il y a donc une progression de la pensée. C’est souvent, mais pas toujours le cas dans certaines disciplines, par exemple dans les sciences humaines.
- La possibilité de publier des articles durant une thèse classique : en effet, il est tout à fait possible et même recommandé de publier des articles scientifiques au cours d’une thèse dite « classique », même si ces articles ne sont pas directement intégrés au sein de la thèse. En outre, le choix de la thèse par articles ne doit pas reposer uniquement sur l’argument de la pluripublication scientifique.
- Évolution de la pensée : compte tenu du fait que les articles sélectionnés seront publiés dans la thèse par articles, mais que ceux-ci peuvent dater de plus de 3 ou 4 ans au moment de remettre la thèse, la pensée du chercheur ou le savoir disciplinaire peuvent avoir évolué durant ce délai.
- L’effet de répétition : du fait qu’il faille rédiger une partie théorique, une partie « méthode » et une discussion générale entourant les articles, il peut y avoir des répétitions avec les éléments cités au cœur des articles eux-mêmes. En effet, les répétitions peuvent alourdir et rendre insupportable la lecture de ce type d’écrit universitaire.
- Il est difficile de devoir penser, écrire et rédiger à deux niveaux : en effet, rédiger des articles scientifiques qui seront remis pour évaluation à un comité de lecture, est un travail différent au niveau de la rédaction, du travail de thèse lui-même qui demande une autre forme de réflexion, d’écriture et de synthèse, dans une recherche de cohérence générale. En outre, cela nécessite de jongler d’une langue à l’autre (du français à l’anglais et vice-versa) ainsi que d’une norme de références bibliographiques à l’autre (ex. de la norme APA7 à Vancouver et vice-versa).
- Les auteurs et co-auteurs des articles : il est possible et même probable de se voir reprocher le fait d’écrire des articles avec des co-auteurs. Ce qui signifie que ce n’est pas vraiment le travail du doctorant qui est examiné. Il peut être délicat d’évaluer la part de travail du doctorant et des co-auteurs de l’article. Ce problème peut être résolu en indiquant précisément la contribution de chacun à l’article cité, sachant que le doctorant doit dans la majorité des articles, avoir été celui ayant le plus contribué et l’écrit. En effet, lorsqu’on soumet un article à publication, dans la majorité des cas, il faut indiquer la part des contributions respectives des co-auteurs de l’article, ce qui peut parfois être délicat à évaluer (sachant que certains auteurs sont cités sans même avoir contribué à quoi que ce soit dans la production de l’article).
- Les préférences du directeur de thèse : en effet, votre directeur de thèse peut ne pas souhaiter que vous vous engagiez dans ce type de thèse pour diverses raisons. Par exemple, il peut penser ne pas pouvoir vous suivre comme il pourrait le faire dans une thèse dite classique, où l’on élabore une problématique et une question de recherche, et où l’on construit sa thèse autour de celle-ci.
- Le feed-back des réviseurs après soumission à publication : la rétroaction peut être difficile à vivre. En effet, les doctorants qui n’ont qu’une confiance limitée en eux-mêmes peuvent être profondément découragés s’ils reçoivent des réponses négatives de la part des réviseurs et/ou du directeur de publication. Tous les universitaires qui ont participé à des publications de recherche savent que certains critiques peuvent être injustement sévères. Parfois, ces opinions sont exprimées sans tenir compte des sentiments des auteurs. Les candidats risquent de perdre confiance en leur travail mais aussi en eux-mêmes s’ils sont confrontés à de telles réactions. Ils peuvent également perdre confiance dans l’expertise du directeur de thèse si ce dernier avait cru que le document était prêt à être soumis.
- Des autorisations à obtenir : lorsque vous réalisez une thèse par articles, cela vous engage à inclure les articles publiés dans les chapitres de votre thèse. Vous devez donc vous assurer d’obtenir l’autorisation de le faire auprès des revues qui détiennent désormais le droit d’auteur. En ce sens, il est plus facile de le faire au moment de la publication d’un article de revue. Certaines revues publient leur politique d’autorisations sur leur site Web ou dans des instructions aux auteurs, indiquant qu’elles autorisent ou non l’inclusion de leurs articles dans les thèses de doctorat.
Voilà les principaux désavantages que l’on peut relever globalement dans la thèse par article, dans la thèse par publication.
Ces éléments ne sont pas exhaustifs et doivent être appréhendés en fonction du contexte spécifique de la recherche, ainsi que de la personnalité et des objectifs du chercheur ou de l’apprenti chercheur. Il est important de noter que ces avantages et inconvénients comportent une part de subjectivité.
Contenu, structure et exemple d’une thèse par articles
En France, les Écoles Doctorales n’ont pas les mêmes exigences quant au contenu d’une thèse par articles et chacune va définir ses attentes.
Effectivement, chaque École Doctorale va préciser le nombre d’articles minimums, la forme de ces articles, le travail effectué par le doctorant qui sera distingué du travail effectué par d’éventuels collaborateurs et le fait que ces articles devront être publiés ou simplement « soumis à publication », dans l’attente d’être publiés.
En cela, compte tenu des délais parfois importants entre la soumission et la publication, tous les articles et publications ne nécessitent pas forcément d’avoir été publiés, mais au moins d’avoir été « soumis à publication ».
Par exemple, mon École Doctorale a adopté les exigences minimales suivant :
« La thèse par article devra contenir :
– une introduction théorique conséquente qui présente la problématique de la thèse défendue (une trentaine de pages minimum) ;
– un minimum de 3 articles soumis, dont 1 accepté dans une revue qualifiante relative au sujet (pour information à l’UPS, exigence de 2 articles publiés) ;
– une discussion générale
– conclusion.
Si un des articles est en langue étrangère, 1 résumé en français de 10 % de la taille de l’article devra être joint ».
Telles sont les consignes et les exigences minimales au sein de mon École Doctorale. Mais comme je l’évoquais précédemment, les consignes et les attentes seront différentes d’une école doctorale à une autre.
Dans un avis datant de décembre 2015, la Société Française de Management (SFM) a émis 10 propositions à propos des thèses sur papiers (ou thèses sur articles), avec dans les grandes lignes :
– la rédaction d’une introduction conséquente comprenant de 80 à 120 pages ;
– 3 ou 4 papiers et qu’au moins deux aient un statut scientifique (communication, dans un colloque, publication d’un chapitre d’ouvrage, article publié ou soumis à publication dans une revue à comité de lecture…) ;
– une partie conclusive d’au moins 20 pages ;
– une bibliographie reprenant l’ensemble des références citées dans les papiers et les références propres aux parties introductive et conclusive.
…
En outre, et comme le recommande la SFM, il est essentiel que la thèse globale forme un ensemble cohérent de travaux unifiés. En effet, il ne s’agit en aucun cas d’une simple juxtaposition de recherches disparates, d’une série d’études vaguement liées. Il est crucial de produire une thèse cohérente, qui s’articule avec logique, démontrant une contribution originale à la connaissance scientifique, comme c’est le cas dans une thèse dite classique.
Par exemple, une thèse de doctorat en Génie qui comprenait 9 articles a été fortement critiquée par les examinateurs du fait de ne pas présenter un ensemble cohérent de travaux, tandis qu’une autre thèse qui contenait seulement 3 articles, a été évaluée très favorablement par le jury de thèse.
En principe, dans ce type de thèse, il n’est possible d’inclure que des articles qui ont été écrits durant le cycle doctoral et non pas avant, par exemple en Master. Bien évidemment, il est possible de fonder ses recherches doctorales sur celles effectuées en Master, dans la poursuite de celles-ci.
Structure possible d’une thèse par article, d’une thèse par publication
De manière générale, une thèse par article comprend différentes rubriques comme il est montré ci-dessous dans la Figure 2, mais pas de façon systématique et rigide. En conséquence, la structure du plan de thèse présentée ci-dessous n’est pas la seule structure possible et n’est donc pas pleinement représentative du plan à adopter dans une thèse par articles.
Toutefois, dans un soucis de simplification, elle a le mérite de montrer l’articulation possible d’une thèse par articles, par publications. Vous trouverez d’autres articulations possibles ici, même si ces derniers exemples ne sont toujours pas représentatifs des possibilités offertes par la thèse sur articles.
Dans une thèse par articles, les publications sont placées dans la partie « Résultats » de la thèse, généralement dans leur ordre de publication mais ce n’est en rien une obligation. En effet, l’auteur qui doit trouver la cohérence dans la présentation de sa thèse par articles peut tout à fait décider d’insérer tout article avant tel autre tout en le justifiant.
En outre, il est recommandé de rédiger une section narrative (« the narrative » en anglais) entre les différents articles, une courte introduction replaçant l’article dans le contexte du reste de la thèse et expliquant pourquoi et comment vous avez procédé. Cela devrait faciliter la liaison, la compréhension et la lecture des différents articles. En outre, ces différentes parties de liaison permettent à l’auteur de pouvoir s’exprimer individuellement et de démontrer sa réflexion et ses qualités doctorales au-delà des articles scientifiques insérés.
Comme vous pouvez le voir dans la Figure 2, la thèse par articles comprend également une partie « Discussion » que l’on qualifie ici de « Discussion générale », car il s’agit ici de discuter de l’ensemble des articles proposés et de la recherche globale, afin de démontrer la cohérence de l’étude tout en expliquant les résultats pris de manière globale. En ce sens, la discussion générale représente la partie la plus importante de la thèse par articles, d’où l’intérêt de lui accorder tout le temps nécessaire.
Exemples de thèses par article, par publication
Vous trouverez ci-dessous trois exemples complets de thèse par article, par publication, dont la mienne, que je vous invite à lire pour comprendre l’intérêt et la structure d’un tel écrit universitaire. Cliquez sur l’url (titre de la thèse en gras) pour accéder directement à lecture ou au téléchargement PDF des thèses.
Ma thèse par article (Christophe Cousi, décembre 2023) soutenue à l’Université de Toulouse (France).
Comment évaluer la qualité de vie des résidents en EHPAD ? La voie(x) de l’autoévaluation.
Thèse par article de Steven P. Caroll (2005) de la « Faculty of Built Environment and Engineering » de Brisbane (Australie).
Risk-based approach to on-site wastewater treatment system siting design and management – Steven P. Carroll (2005).
Thèse par article de Hanna Falk (2010) de l’ Institute of Health and Care Sciences » de l’ Université de Gothenburg (Suède).
There is no escape from getting old – Older persons’ experiences of environmental change in residential care – Falk (2010).
Retour sur la question : « Une thèse par article est-elle une thèse au rabais ? »
La thèse par article est-elle finalement une thèse « au rabais » ?
Comme vous en doutez, ce format de thèse fait débat. Certains enseignants-chercheurs critiquent le fait que l’on ne se centre pas sur une problématique unique autour de laquelle on va dérouler une unique recherche approfondie. D’autres y voient clairement une « thèse au rabais » tandis que d’autres encore acceptent l’existence de ce nouveau format de thèse et s’y soumettent lors de l’évaluation (en tant que rapporteurs par exemple), sans forcément être pleinement convaincus de la pertinence de ce format.
De l’autre côté, nous avons des enseignants-chercheurs qui pensent que ce format de thèse peut être vraiment approprié à la production d’une thèse, et que celle-ci conserve les exigences de qualité requises, tout en permettant la publication et la diffusion progressive des travaux de recherche réalisés par le doctorant.
En ce sens, mes codirecteurs de thèse ainsi que des enseignants-chercheurs que j’ai pu rencontrer comme le Pr. Hélène AMIEVA de l’INSERM m’indiquaient clairement que ce format de thèse répondait de nos jours aux exigences et aux objectifs de publication qui sont devenus nécessaires dans la recherche scientifique, notamment dans le champ de la santé.
En ce qui me concerne, j’ai fait le choix de la thèse par articles, car cela répond vraiment à mes objectifs de recherche qui nécessitent de passer par une série d’études préalables à mener dans l’ordre, dans le temps, afin d’aboutir à la construction d’un corpus de savoir original qui vient combler ce que j’appelle un Knowledge gap dans mon domaine de recherche, ne serait-ce que partiellement.
Avec un peu de recul et malgré ma modeste expérience de doctorant, je pense sincèrement que la production d’une thèse par articles représente un niveau de difficultés supplémentaire par rapport à la thèse classique, à condition qu’elle soit réalisée avec rigueur et soumise à une exigence scientifique élevée, utilisant notamment les méthodes mixtes à bon escient.
En effet, la thèse par articles est d’une grande complexité, en rapport à la gestion qu’elle nécessite des projets, des différents niveaux d’élaboration, de l’écriture des articles et de la synthèse nécessaire de ces derniers, de la rédaction de la thèse elle-même, etc.
De plus, la confrontation précoce au monde de l’édition scientifique à travers de multiples soumissions à publication exige de la part du doctorant, une « maturité » et une expérience scientifique que l’on ne peut pas nier.
En ce sens, selon moi, ce format de thèse ne doit pas être dévalorisé. Il doit être mieux pris en compte dans la production du savoir scientifique.
La thèse par publications préalables (thesis by prior publication) en 1 an
Sachez également que dans le système universitaire anglo-saxon, en plus de la thèse classique et de la thèse par articles (thesis by publication), il existe une troisième forme de thèse de recherche appelée « Thesis by prior publication ».
Il s’agit d’une thèse par publications/portfolio préalables qui dure généralement un an.
Ce type de thèse permet à des personnes qui n’ont pas suivi la voie académique traditionnelle vers un doctorat, d’obtenir une reconnaissance académique pour avoir entrepris et produit des recherches, mais aussi pour avoir développé leurs compétences de recherche et leurs connaissances disciplinaires au niveau de celle d’un doctorant « classique ».
En ce sens, la thèse par publications antérieures est finalement une sorte de reconnaissance fondée sur la validation des acquis, où les candidats ont généralement 1 an pour rédiger leur thèse à partir de leurs travaux de recherche et publications antérieures.
Vous trouverez ci-dessous deux vidéos intéressantes (en anglais) de Tara Brabazon, Professeure « passionnée » et « passionnante » de la Flinders University à Adélaïde en Australie, qui évoque la thèse par publications antérieures.
What are your thoughts on a PhD by prior publication?
Vlog 122 – The PhD by prior publication
Il est difficile de savoir si dans les années à venir, ce format de thèse sera accepté en France et dans les pays francophones. Il est évident que si c’était le cas, celui-ci serait vivement critiqué. Mais l’avenir nous le dira.
Conclusion sur la thèse par article
Nous avons pu voir ce que représente une thèse par articles ou par publications, ses caractéristiques, ses avantages et inconvénients, son contenu, sa structure, etc.
Comme vous avez pu vous en rendre compte, la thèse par articles ne fait pas encore l’unanimité auprès des enseignants-chercheurs en France, mais elle représente une alternative possible à la thèse dite classique, dans certaines disciplines, et lorsque la problématique s’y prête bien.
Et vous, que pensez-vous de la thèse par article ? Laissez un commentaire ci-dessous !
Malheureusement, je ne peux donner d’indications plus précises sur les modalités de ce type de thèse à l’étranger, notamment dans le monde francophone.
Toutefois, un ami doctorant marocain m’indiquait récemment que ce type de thèse était rare au Maroc, mais que les thèses par articles se développeront dans les années à venir.
En ce sens, j’espère que cet article contribuera à faire connaître et reconnaître la thèse par articles (ou par publications) dans le monde francophone.
N’hésitez pas à partager et à liker cet article si vous l’avez trouvé intéressant et/ou si vous pensez qu’il peut être utile à d’autres personnes.
Je vous invite à recevoir gratuitement le bonus : “Les 7 clés indispensables pour réussir brillamment votre mémoire de recherche ou votre thèse” (formulaire ci-dessous).
Je vous dis à très bientôt,
Références bibliographiques et ressources sur la thèse par articles
Kamler, B., Lee, A., & Aitchison, C. (2010). Publishing pedagogies for the doctorate and beyond. London and New York: Routledge.
Mason, S., & Merga, M. K. (2018). A Current View of the Thesis by Publication in the Humanities and Social Sciences. International Journal of Doctoral Studies, 13, 139‑154.
Mason, S., Merga, M. K., & Morris, J. E. (2019). Choosing the Thesis by Publication approach : Motivations and influencers for doctoral candidates. The Australian Educational Researcher. https://doi.org/10.1007/s13384-019-00367-7
Noreau, P., & Bernheim, E. (2016). La thèse : Un guide pour y entrer… et s’en sortir. Les Presses de l’Université de Montréal.
Nygaard, L. P. (2020). Strategies for Writing a Thesis by Publication in the Social Sciences and Humanities.
Rowland, J. (2017). Delivering a thesis by publication: Effectively develop and deliver a well-structured compilation thesis. Practical Academic.
Smith S. (2015). Phd by published work a practical guide for success. Macmillan Education UK. Retrieved April 16 2023 from http://public.eblib.com/choice/PublicFullRecord.aspx?p=6406407.
Dix propositions à propos des thèses sur papiers (ou thèses par articles) par la Société Française de Management (Décembre 2015).
Collection of articles. (2020). In Wikipedia. https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Collection_of_articles&oldid=934369709
13 Comments
Et vous, que pensez-vous de la thèse par article ? Laissez un commentaire ci-dessous !
Bonjour,
Dans l’idéal je fais faire des thèses par article à mes doctorants. Lorsqu’on n’arrive pas à faire par article c’est qu’il y a eu des difficultés au cours de la thèse.
A mon sens la présentation que vous faites du plan de la thèse par article est bien trop fermé. Il y a d’autres possibilités que vous ne mettez pas en avant. Dès que la thèse de ma dernière doctorante sera en accès libre (elle est sous embargo) je pourrais vous la partager.
cordialement,
Céline C.
Bonjour Céline,
merci pour votre commentaire suite à cet article. Vous avez tout à fait raison, pour simplifier la forme, j’ai proposé la structure la plus « standard » sans dire qu’il existait d’autres plans de thèse par articles, mais je vais le repréciser dans l’article.
Je vous remercie de partager avec nous la thèse de votre doctorante lorsqu’elle sera en accès libre, ce sera fort appréciable. Je vous avoue avoir rencontré des difficultés pour trouver des exemples de thèse par articles, en l’occurrence uniquement en anglais, et ils n’ont pas été choisis en raison de la qualité de leur thèse que je ne saurais apprécier, du moins pour l’une d’entre elle ; uniquement pour montrer l’articulation et la structure possible de ce type de thèse.
En vous remerciant de votre générosité et de votre ouverture, merci à votre doctorante également. Au plaisir d’échanger. Cordialement, Christophe Cousi.
Bonjour, sauriez vous s’il existe un délai minimal à respecter entre l’inscription administrative en doctorat et la soutenance pour ce type de cas?
Bonjour, je ne crois pas qu’il existe de délai minimal différent d’une thèse classique. Dans le cadre d’une thèse par articles, il faut tenir compte des exigences de publications demandées par l’école doctorale.
Je vous remercie beaucoup pour cet article.
C’est génial, ça nous épargnera au moins les remarques de certains examinateurs quant à la qualité de notre thèse. Je trouve que le fait de présenter une thèse par articles aux membres du jury pour expertise, ça va les faires réfléchir mille fois avant de dresser un rapport négatif!!
Bonjour Christophe.
Merci pour votre article.
L’idée de partager votre expérience et ces informations est géniale. Certes, dans certains milieux francophones, les thèses par articles sont pour certains évaluateurs mal vues. Mais, je crois comme vous que ces types de thèses sont en cohérence avec les exigences scientifiques actuelles pour ceux qui aspirent à un poste académique et à une carrière scientifique en tant que chercheurs.
Merci pour le partage d’expérience.
vraiment géniale. je suis très intéressante de cette catégories des Articles…
Merci pour votre commentaire.
Un grand merci pour votre article ! La thèse par articles convient tellement à mon sujet des à ma façon de fonctionner.
Merci pour le commentaire et bonne route pour votre thèse par articles que vous mènerez à bien j’en suis sûr.
Bonjour Christophe,
Merci beaucoup pour le partage, très éclairant. Je vous partage deux exemples de thèses sur publications en accès libre (les deux en administration publique), rédigées en français au Canada (Québec).
C’est une voie qui intéresse de plus en plus certains doctorants lorsque le contexte s’y prête. Les exigences de cet exercice sont telles qu’on ne pourrait, en toute honnêteté, parler d’une thèse au «rabais».
Voici les lien pour ces deux thèses :
1. https://espace.enap.ca/id/eprint/160/1/031934533.pdf
2. https://espace.enap.ca/id/eprint/266/1/Ouedraogo%2C%20Miche_THE_20210709.pdf
Merci encore pour le partage !
Merci beaucoup Steve pour ce partage.
Je partagerai aussi ma thèse par articles prochainement.