Dans cet article, je vous présente 13 types d’articles scientifiques (avec des exemples) qu’il est possible de rédiger et de soumettre à publication dans des revues nationales ou internationales à comité de lecture (évaluation par les pairs).

Tout d’abord, il faut distinguer les recherches primaires (originales) des recherches secondaires.

Mais qu’est-ce qu’une recherche originale ?

La recherche originale est considérée comme une source primaire. Un article est considéré comme une recherche originale si…

  • il s’agit du rapport d’une étude rédigé par les chercheurs qui ont réalisé l’étude.
  • les chercheurs décrivent leur hypothèse ou leur question de recherche et le but de l’étude.
  • les chercheurs détaillent leurs méthodes de recherche.
  • les résultats de la recherche sont présentés.
  • les chercheurs interprètent leurs résultats et discutent des implications possibles.

Une recherche de type « secondaire » comme son nom l’indique relèvera d’une recherche non plus basée sur des recherches originales, mais sur des travaux antérieurs, menés précédemment, par exemple en s’appuyant sur des études antérieures afin de mener une revue de la littérature.

1) L’article de recherche original

C’est l’article scientifique le plus connu et il relève d’une recherche originale. Ce type d’article est rédigé et publié après avoir mené une recherche de type empirique, quantitative, qualitative ou mixte.

C’est en principe la recherche la plus longue, mais bien sûr tout va dépendre du protocole de recherche.

L’exemple de l’article de recherche est mon article scientifique réalisé après un protocole mené auprès de plus de 200 sujets avec une enquête sur le terrain de plusieurs semaines (recueil de données pour interroger des résidents en EHPAD) puis un traitement des données quantitatif. Enfin, la rédaction de l’article lui-même.

Mon 1er article de recherche

Comme je l’évoquais, l’article de recherche peut se situer dans une démarche qualitative, quantitative ou mixte. Si mon premier article relevait d’une démarche quantitative (cf. ci-dessus), l’article 3 de ma thèse publié dans BMC Geriatrics relevait d’une démarche mixte (cf. ci-dessous)

L’article de recherche N°3 de ma thèse par articles

Ce type d’article de recherche originale est nommé « original article », « original paper », « research article », « research paper »…. ou tout simplement « Research » dans les revues anglo-saxonnes.

2) L’article de synthèse 

Les articles de synthèse fournissent une analyse critique et constructive de la littérature publiée existante dans un domaine, par le biais d’un résumé, d’une analyse et d’une comparaison, en identifiant souvent des lacunes ou des problèmes spécifiques et en formulant des recommandations pour les recherches futures. Les articles de synthèse peuvent être de trois types, au sens large :

  1. les revues de la littérature narratives ;
  2. les revues de la littérature systématiques (RDLS ou SLR en anglais) ;
  3. les méta-analyses.

Les articles de synthèse peuvent être de longueur variable selon la revue et le domaine. Pour les revues narratives ou les revues de la littérature, la longueur peut varier entre 8000 et 40 000 mots, tandis que les revues systématiques comptent généralement moins de 10 000 mots. Cependant, certaines revues publient également des articles plus courts, d’environ 3000 à 5000 mots.

Les revues de la littérature surtout systématiques sont très lues (par exemple, par les chercheurs qui cherchent une introduction complète à un domaine) et également vous l’avez deviné, elles sont très citées. C’est en principe le type d’articles qui est le plus cité et c’est la raison pour laquelle les revues sont très preneuses de ce type d’article qui vient faire une synthèse récente sur un thème particulier. En ce sens, s’il n’existe pas de revues récentes dans votre domaine et sur votre sujet de recherche, il pourrait être opportun de vous lancer dans ce projet.

Cependant, ce type de revue a la particularité d’être longue à réaliser (plusieurs semaines voire plusieurs mois), car du point de vue de la méthode, comme elle est systématique, il y a des process par lesquels il faut impérativement passer pour la réaliser tout en étant exhaustif.

En effet, il faut documenter tout ce qui est réalisé, comment la revue a été réalisée, combien d’articles étaient initialement retenus puis finalement après des critères d’inclusion/excisions précis, combien ont été retenus finalement. Il faut également préciser dans quelles bases de données les recherches ont été menées afin que d’autres chercheurs puissent reproduire la recherche et obtiennent des résultats similaires. C’est en ça que la revue de la littérature systématique se différencie de la revue narrative « traditionnelle » dont on ne documente pas vraiment la méthode puisqu’elle n’est pas systématique ni exhaustive.

Sachez aussi qu’il existe certaines recommandations pour des revues spécialisées comme dans le champ de la santé, de la médecine avec les revues Cochrane qui définissent un standard de qualité et une marche à suivre (process) pour produire des données probantes et servir par la suite d’aide à la décision.

Je mets à votre disposition deux exemples deux revue systématiques pour que vous voyiez la démarche de réalisation. Exemple 1 et Exemple 2

Il faut savoir que ce type de revue systématique est souvent complétée par ce que l’on appelle une méta-analyse, parfois publiée dans le même article ou séparément. Une méta-analyse réalise la synthèse statistique des études incluses dans une revue systématique, c’est donc une approche plus « mathématique » que littéraire.

Cependant, c’est tout à fait faisable sans connaissance en mathématique, mais il faut quelques connaissances en statistiques pour analyser et synthétiser les données des diverses études. La méta-analyse permet une analyse plus précise des données par l’augmentation du nombre de cas étudiés et de tirer une conclusion globale.

Dans ces méta-analyses, on utilise des graphiques en forêt (forest plot) pour montrer les résultats de la méta-analyse. Ces graphiques ont été développés dans la recherche médicale comme moyen graphique de représentation d’une méta-analyse de résultats d’essais randomisés et contrôlés (ERC). Cela permet d’évaluer un ensemble d’ERC, mais ce n’est pas forcément spécifique aux ERC.

Exemple de forest plot

3) L’article de perspective (article d’opinion)

Les articles de perspective (ou articles d’opinion) sont des articles qui vont traiter de concepts fondamentaux ou d’idées dominantes dans un domaine. Il s’agit généralement d’essais qui présentent un point de vue personnel critiquant des notions répandues dans un domaine pour amener éventuellement vers une autre perspective, un autre point de vue pour l’avenir.

Un article de perspective peut être un examen d’un seul concept ou de quelques concepts connexes. Ils sont considérés comme de la littérature secondaire et sont généralement des articles courts, d’environ 2000 mots.

Ci-joint deux exemples d’articles, l’un en français, l’autre en anglais. Je vous invite à les lire à en comprendre la structure. Vous verrez qu’ils ne respectent pas le format IMRED ou IMRAD dit aussi CaMéRaDis pour Cadre théorique, Méthode, Résultats, Discussion.

Toutefois, on retrouve idéalement dans ces articles une structure en U qui évoque le passé, le background, le problème et l’opinion actuelle et l’on va amener une nouvelle perspective aujourd’hui et remonter ensuite en se projetant dans le futur en évoquant les perspectives futures possibles (cf. image ci-dessous).

structure en U
Structure-type en U d’un article de perspective (article d’opinion)

Je mets à votre disposition un très bon article (en anglais) qui décrit comment bien rédiger ce type d’article.

4) Les communications brèves, lettres à l’éditeur…

Ces articles communiquent de brefs rapports de données issus de recherches originales qui, selon les rédacteurs, intéresseront de nombreux chercheurs et stimuleront probablement d’autres recherches dans le domaine.

Comme ils sont relativement courts, ce format est utile pour les scientifiques dont les résultats sont sensibles au facteur temps (par exemple, ceux qui travaillent dans des disciplines très compétitives ou qui évoluent rapidement).

Ce format a souvent des limites de longueur strictes, de sorte que certains détails expérimentaux peuvent ne pas être publiés avant que les auteurs n’écrivent un manuscrit complet de recherche originale. Ces articles sont aussi parfois appelés « communications brèves ».

Exemple d’une recherche par adaptation transculturelle d’une échelle de qualité de vie de l’anglais vers l’allemand. Les chercheurs ont adapté l’échelle de l’anglais vers la langue allemande, sachant que l’on ne traduit pas une échelle, mais on l’adapte. À l’issue d’un comité d’expert pour faire une synthèse de l’adaptation, les chercheurs ont publié rapidement cette adaptation transculturelle.

Bien sûr, l’étape suivante aurait été de procéder à la validation psychométrique de l’outil en allant sur le terrain tester le questionnaire (auprès de centaines de sujets) et le valider dans la langue adaptée, l’allemand, mais ça n’a jamais été fait. Cependant, les chercheurs ont tout de même réussi à publier leur article scientifique dans une revue internationale. Vous trouverez leur publication ici .

5) Les critiques d’ouvrage 

Les critiques de livres sont publiées dans la plupart des revues universitaires. L’objectif d’une critique de livre est de fournir un aperçu et une opinion sur des livres savants récemment publiés. Les critiques de livres sont également des articles relativement courts et prennent moins de temps.

Les comptes rendus de livres sont une bonne option de publication pour les chercheurs en début de carrière, car ils leur permettent de se tenir au courant de la nouvelle littérature dans le domaine, tout en ajoutant à leur liste de publications.

Je vous invite à consulter cette page web (en anglais) qui vous précisera comment bien rédiger une critique d’ouvrage qui soit publiable.

En outre, je mets à votre disposition un exemple d’article de critique d’ouvrage.

6) Les articles de méthode/méthodologie

Ces articles présentent une nouvelle méthode, un nouveau test ou une nouvelle procédure. La méthode décrite peut être totalement nouvelle ou offrir une meilleure version d’une méthode existante. L’article doit décrire une avancée démontrable par rapport à ce qui est actuellement disponible au niveau d’une méthode. Je ne développerai pas plus, car vous avez compris le principe et l’importance de ce type d’articles auquel on ne pense pas souvent.

7) Les études de cas et études multi-cas

Les études de cas et multicas évoquées ici ne relèvent pas d’une approche clinique. Il peut s’agir de cas au sein d’une/des organisation(s) ou d’une comparaison de cas entre plusieurs organisations, ce que l’on appelle l’étude de cas multiples.

8) Les études de cas cliniques

Les études de cas cliniques présentent les détails de cas réels de patients issus de la pratique médicale ou clinique. Les cas présentés sont généralement ceux qui contribuent de manière significative aux connaissances existantes dans le domaine. L’étude doit aborder les signes, les symptômes, le diagnostic et le traitement d’une maladie.

Ces études sont considérées comme de la littérature primaire et ont généralement un nombre de mots similaire à celui d’un article original. Les études de cas cliniques exigent beaucoup d’expérience pratique et peuvent ne pas être un format de publication approprié pour les chercheurs en début de carrière.

9) L’essai clinique

Spécifiques au domaine de la médecine, les essais cliniques décrivent la méthodologie, la mise en œuvre et les résultats d’études contrôlées, généralement menées auprès de grands groupes de patients.

Les articles sur les essais cliniques sont également longs, généralement de la même longueur qu’un article de recherche original. Les essais cliniques exigent également une expérience de travail pratique, ainsi que des normes élevées en matière d’éthique et de fiabilité. Ce format est donc plus utile pour les chercheurs expérimentés.

10) Les suppléments de matériel

Beaucoup de revues médicales acceptent les suppléments de matériel de conférence. Il s’agit de publications en libre accès, évaluées par les pairs, permanentes et citables au sein de la revue.

Les suppléments de matériel de conférence enregistrent la recherche autour d’un fil conducteur, telle que présentée lors d’un atelier, d’un congrès ou d’une conférence, pour les archives scientifiques. Ils peuvent inclure les types d’articles suivants :

  • Extraits de posters
  • Extraits de conférence
  • Extraits de présentation

11) Les notes de données (Data notes, Data paper, Data article)

Les notes de données sont un type d’article court évalué par les pairs qui décrit de manière concise les données de recherche stockées dans ce que l’on appelle en anglais un « repository », c’est-à-dire un espace de dépôt online, une collection de documents archivés en ligne. La publication d’une note de données peut vous aider à maximiser l’impact de vos données et à obtenir le crédit approprié pour votre recherche.

Les notes de données encouragent la réutilisation potentielle des données de recherche et expliquent en détail pourquoi et comment les données ont été créées. Elles ne comprennent pas d’analyse, mais elles peuvent être liées à un article de recherche incorporant l’analyse de l’ensemble de données publié, ainsi que les résultats et les conclusions.

12) Le rapport enregistré (registered report)

Un rapport enregistré se compose de deux types d’articles différents : un protocole d’étude et un article de recherche original.

Cela s’explique par le fait que le processus d’examen des rapports enregistrés est divisé en deux étapes. Au cours de la première étape, les examinateurs évaluent les protocoles d’étude avant la collecte des données. À l’étape 2, les évaluateurs examinent l’étude complète publiée en tant qu’article de recherche original, y compris les résultats et l’interprétation.

13) Les articles sur les outils logiciels

Un article sur les outils logiciels décrit les raisons du développement d’un nouvel outil logiciel et les détails du code utilisé pour sa construction.

L’article doit fournir des exemples d’ensembles de données d’entrée appropriés et inclure un exemple d’output que l’on peut attendre de l’outil et comment cet output doit être interprété.

L’output représente des données produites au niveau logiciel, comme le résultat d’un calcul, ou au niveau physique, comme un document imprimé. Un exemple de base d’output est le programme d’une calculatrice qui produit le résultat d’une opération mathématique.

conclusion sur les différents types d'articles scientifiques

Comme vous avez pu vous en rendre compte, il existe différents types d’articles scientifiques que l’on peut rédiger et soumettre à publication dans des revues nationales et internationales.

Certains relèvent d’une approche originale et primaire (article de recherche) alors que d’autres relèvent d’une démarche secondaire en reprenant d’autres études ou un existant (revue de la littérature, critique d’ouvrage, etc.).  

En fonction de vos possibilités et de vos travaux de recherche actuels ou antérieurs, je vous invite à vous lancer dans la rédaction de votre premier article scientifique (en français ou en anglais).

Cependant, il faut savoir que si vous souhaitez publier à l’international, vous ne pourrez publier qu’avec la langue de Shakespeare, l’anglais. En effet, l’anglais est dorénavant LA langue unique pour publier dans des revues internationales qui sont majoritairement anglaises ou américaines.   

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