5 étapes pour bien rédiger vos écrits académiques
5 étapes de rédaction

La rédaction d’un écrit académique peut être difficile voire même inquiétante pour de nombreux étudiants. Que vous soyez novice dans la rédaction académique ou que vous cherchiez simplement à améliorer vos compétences existantes, cet article vous présente 5 étapes pour vous fournir un cadre solide et vous aider à atteindre vos objectifs.

Il est important de comprendre que l’écriture académique n’est pas l’écriture littéraire et donc qu’elle ne se limite pas à aligner des mots sur une page. Il s’agit d’un processus complexe qui ne s’improvise pas mais qui s’apprend. Cet article vous guide à travers cinq étapes de rédaction (cinq étapes d’écriture) et fournit des conseils pratiques et des stratégies éprouvées pour vous aider à rédiger un document académique clair, cohérent et convaincant.

1/ Première étape de rédaction : l’étape de pré-écriture (pré-rédaction)

Alors, tout d’abord, il y a cette phase de pré-écriture (ou prérédaction) qui va constituer une étape préalable à l’écriture.

L’idée est de pouvoir capturer le contenu, c’est-à-dire qu’avant de pouvoir écrire – même si je vous invite à constamment être dans une un aller et retour entre lecture et écriture- c’est vraiment un mode de fonctionnement : on ne lit pas des jours voire des semaines puis on va écrire ; donc c’est toujours lecture et écriture, on écrit, on prend note de tout ce qu’on lit et c’est très important d’avoir cette gymnastique, même si ce n’est pas une écriture définitive.

C’est une gymnastique qui est importante à avoir et qu’il faut vraiment prendre dès le début, dans le sens que vous allez capturer le contenu à l’aide de fiches d’annotation, par exemple lorsqu’on lit un article, comment on le lit et qu’est-ce qu’on va retenir : la problématique, ensuite la méthode, qu’est-ce qui est important, qu’est-ce que les auteurs ont voulu montrer, etc.  

En outre, vous allez essayer de capturer la structure parce que vous allez développer un modèle donc vous allez devoir détecter quelle est la bonne structure à adopter.

Pourquoi ? Parce que s’il n’y a pas de modèle, vous ne pouvez pas vraiment prendre quoi que ce soit en note ni lire. Vous allez devoir avoir une structure sous-jacente ; aussi vous allez capturer le style, le but étant vous inspirer des meilleurs.

Peut-être que vous lisez parfois des choses et que vous faites le constat que c’est mal écrit ou que cela aurait pu être mieux écrit et mieux formulé. D’autres fois, vous pouvez être impressionné(e) par la qualité et le contenu de l’écriture et vous vous dites que vous seriez incapable de rédiger aussi bien.

Donc, inspirez-vous des bonnes pratiques, relevez des phrases et des formules de phrases qui vous paraissent pertinentes et que vous aimerez réutiliser, mais sans que cela ne soit plagiat bien sûr.

Inspirez-vous des modèles, lisez de bon de bons articles et reprenez l’existant pour vous permettre de partir sur de bonnes bases, car on ne part jamais de zéro. Il est toujours bon de vous inspirer de ce qui marche, de ce qui fonctionne ; après je vous invite à utiliser une matrice, par exemple dans un fichier Excel et dans laquelle vous allez rapporter les données relevées dans vos lectures et ensuite croiser ces données pour pouvoir faire une lecture critique.

En effet, il faut éviter d’être descriptif, car le but de réaliser une revue de la littérature « critique » des sources documentaires ; pour réaliser une revue critique de la littérature existante, cela passe par un croisement des études entre elles, quels auteurs allaient dans tel sens et quels auteurs allaient dans tel autre, quels étaient les débats, etc.

C’est ce que je reproche à mes étudiants, car je vois beaucoup de revues de la littérature qui sont trop descriptives : les étudiants disent « en telle année il y a eu ça, il y a eu ça… », mais il n’y a pas de lien entre les études. Si on ne compare pas, si on ne critique pas la littérature, ce n’est pas une vraie de la littérature.  

Voilà pour l’étape de pré-écriture. Vous l’avez compris, vous devez prendre des notes, capturer l’information déjà existante, notamment dans la littérature existante dans les bases de données académiques. Ce n’est qu’ensuite, à partir de ce matériau de base déjà travaillé que vous pourrez vous lancer vers l’étape de brouillon.

étape de pré-rédaction
étape de brouillon phase de brouillon

2/ Seconde étape : l’étape de brouillon (draft)

Alors on est vraiment dans le premier jet, c’est ce que l’on appelle l’étape de brouillon.

Évoquons en premier lieu l’audience que vous visez, à qui vous vous adressez.

Il va falloir vous poser la question à savoir quelle est votre audience, à qui vous voulez écrire, à qui est destiné votre écrit ?

Vous allez adapter votre écriture, car on n’écrit pas à un copain comme on écrit à des supérieurs universitaires (encadrants, reviewers, etc.)

Donc vous devez adapter votre style (pas vraiment dans ce mode brouillon, nous allons le voir) et aussi vous dire à qui j’écris ; quel est le message que je veux faire passer ; quelle est l’audience ?

Aussi, on n’écrit pas pareil quand on s’adresse à une revue internationale anglaise et une revue professionnelle. Quand on écrit pour un journal professionnel, même si l’écriture reste soutenue, elle ne sera pas académique. On ne s’adresse pas pareil quand on rédige dans des journaux professionnels ou de vulgarisation, par exemple « Psychologie Magazine » et à une revue internationale anglaise. Donc vous devez adapter votre message à l’audience à qui vous voulez parler, quel message vous voulez transmettre et adapter bien sûr votre écriture.

N’hésitez pas à parler de votre recherche dans un premier temps. Essayez de jeter sur votre brouillon, qu’est-ce que ça vous évoque, qu’est-ce que vous voulez montrer, quelle est votre idée, dans le sens où vous devez écrire sur votre recherche, poser vos idées préalables, mais ça bien sûr sans vous brider dès le départ.

Également, n’hésitez pas à parler de votre recherche autour de vous, qu’est-ce que les gens pensent et obtenez des feedbacks de leur part. Je vais y revenir, mais c’est important d’avoir de vrais feedbacks, à la fois de vos encadrants, mais aussi des personnes naïves qui ne sont pas dans votre domaine, mais qui pourront aussi vous faire un retour. Elles pourront peut-être vous dire : « ça, tu l’expliques mal, je n’ai pas compris où tu vas en venir… ».

C’est pourquoi il est important de vulgariser, de définir les concepts pour rendre accessible ce que vous écrivez.

Ensuite, ce qui est important aussi c’est d’adopter une structure. Vous devez bien sûr adopter cette structure qui va être modifiée par la suite, mais vous devez avoir un plan provisoire, un « outline »une attache en tout cas un « outline » pour pouvoir accrocher vos idées.

En effet, sans plan, il est très difficile, voire impossible, de rédiger quoi que ce soit et qui soit cohérent. Rappelez-vous cette fameuse phrase de Sénèque :

« Qui ne connait pas le port ne peut pas prendre le vent ».

Sénèque

Si vous ne savez où aller, vous ne pourrez pas produire le contenu désiré.

Vous pouvez réaliser ce plan, cet outline avec une carte mentale, une mind-map que l’on appelle aussi Schéma heuristique.

carte mentale pour faire un plan

Cependant, cette approche non linéaire peut ne pas être adaptée pour certaines personnes et vous pourriez préférer l’outline linéaire, ordonné en points et sous-points.

outline plan de rédaction
outline

Vous avez donc compris que nous n’avez pas besoin d’avoir des idées organisées dès le départ et vous permettre d’avoir des idées un peu « pêle-mêle », mais que vous allez par la suite reprendre et mieux organiser en les structurant de manière plus effective.

En tout cas je vous invite à écrire librement et là c’est vraiment l’idée du brouillon, vous l’avez bien compris. En effet, il s’agit d’écrire librement sans vous brider dans un premier temps, sans vous poser la question du style, si c’est la bonne phrase, le bon synonyme ou si c’est bien formulé, non, ce n’est pas le but du mode brouillon.

Après, vous passerez dans un mode de rédaction plus abouti, mais vous devez écrire librement, laisser vos idées jaillir et pourquoi je recommande parfois quand on est bloqué devant sa page blanche d’utiliser la fonction dictée de Google Docs par exemple et de parler librement au micro au lieu d’écrire au départ, ceci permettant de livrer votre pensée oralement, sans avoir à réfléchir comment vous allez le rédiger par écrit.

En tout cas, l’idée à retenir de l’écriture en mode « brouillon »,  c’est que vous pouvez écrire et rayer tout ce que vous voulez, et au final que vous ne garderez que ce que vous avez besoin.

L’idée centrale du mode « brouillon » est donc de ne pas vous centrer sur la structure, la grammaire, la ponctuation et le sens logique ; vous verrez tout cela après lors de l’étape de révision, étape importante et qui va venir juste après à la phase de « brouillon ».

étape de brouillon
étape de révision

3) Troisième étape de rédaction : l’étape de révision

L’étape de révision constitue la troisième de rédaction et prend place juste après l’étape de brouillon. Dans cette étape, je vous invite à faire un triage de tout ce que vous avez vu et écrit durant la phase de brouillon.

Le but de ce triage est de décider de retenir certains des éléments et d’exclure certains autres que vous ne retiendrez finalement pas.

Après, vous allez voir votre organisation et si celle-ci est défectueuse : est-ce que ça manque de clarté ? Est-ce qu’il y a des utilisations qui sont inappropriées de la langue, peut-être une mauvaise grammaire, même si après quand même vous allez revoir la grammaire bien sûr, mais commencez à revoir une première organisation défectueuse, qu’est-ce qui ne va pas dans vos premiers écrits, dans vos premiers jets, vos brouillons.

Ensuite vous allez commencer à utiliser les paragraphes. Pourquoi ? Parce que le paragraphe, c’est vraiment l’unité de bloc dans vos de vos écrits universitaires. En principe, il est recommandé de toujours avoir une seule idée développée par paragraphe.

Cela permet d’éviter de noyer le lecteur et le fait d’avoir une seule idée développée par paragraphe n’empêche d’avoir plusieurs argumentations liées à votre une idée principale et vous pouvez argumenter en donnant des exemples.

En outre, les transitions entre vos paragraphes sont cruciales pour le bon enchainement de vos idées. Il faut que cette transition soit logique. Par contre, rien ne vous empêchera par la suite déplacer ces paragraphes pour les repositionner dans votre texte et dans le bon contexte de votre argumentation pour en trouver la logique.

Je vous invite par la suite à utiliser l’écriture en structure parallèle. Vous apprendrez comment construire des phrases en parallèle et je vous apprendrai aussi à éviter ce qu’on appelle les nominalisations.

La nominalisation est une construction grammaticale qui consiste à transformer un verbe ou un adjectif en un nom. Par exemple, le verbe « analyser » peut être remplacé par le nom « analyse » et l’adjectif « important » par le nom « importance ».

La nominalisation est courante dans le discours, mais il est préférable d’éviter d’en abuser pour les raisons suivantes :

  • Vous pouvez réduire la clarté et la brièveté de vos phrases. La nominalisation a tendance à ajouter des mots inutiles aux phrases, ce qui peut rendre les phrases plus longues et plus difficiles à comprendre.
  • Vous pouvez rendre votre style d’écriture plus formel et impersonnel. Les phrases avec beaucoup de nominalisation peuvent sembler froides et distantes, ce qui peut affecter l’engagement du lecteur.
  • Cela peut rendre les phrases moins vivantes. La nominalisation peut transformer des verbes ou des adjectifs dynamiques en noms statiques, ce qui peut rendre les phrases moins expressives et intéressantes.

Pour ces raisons, il est souvent préférable d’utiliser des verbes et des adjectifs dans les phrases plutôt que de les transformer en noms. Les verbes et les adjectifs aident à rendre les phrases plus concises, claires et vivantes.

Je vous invite ensuite à demander du feedback (retours, avis, critiques) à votre entourage. Vous pourriez commencer par vos pairs, vos collègues, vos pairs qui travaillent avec vous.

Vous pourriez également le faire lire à des personnes qui ne sont pas du tout de votre discipline et voir ce qu’elles en comprennent et si vous avez suffisamment clairs et explicites.

En effet, même dans les écrits universitaires, vous devez écrire dans le sens où le monde comprend ce que vous voulez dire, en définissant tous vos concepts et en évitant tout jargon. Et oui, votre lectorat n’est pas spécialiste de votre sujet et vous devez tout leur expliquer.

Enfin, vous devrez soumettre vos écrits à vos encadrants pour qu’il puisse vous faire un retour productif et vous permettre de corriger vos erreurs et de continuer par la suite. Il s’agit là d’une étape d’écriture importante à prendre en compte.

Je vous invite vraiment à retenir l’importance des feedbacks dans la rédaction de vos écrits universitaires. En effet, il est très important d’avoir un nouveau regard sur ce que l’on écrit parce qu’on est myopes de ce qu’on écrit et ce très souvent par un manque de recul et en l’absence de pauses pour mieux y revenir ensuite.

étape de révision

4) Quatrième étape : l’étape d’édition

L’étape d’édition va vous permettre d’éditer votre écrit pour le rendre encore plus fluide dans une forme un peu plus aboutie.

Le but aussi de cette phase est d’exprimer vos idées plus simplement, de manière plus courte. En effet, dans la langue française, on a tendance beaucoup écrire et en utilisant beaucoup de mots.

Si vous comparez une production anglaise et une production francophone, vous vous rendrez compte qu’ils utilisent beaucoup moins de mots que nous pour exprimer la même idée.

Nous avons, nous francophones, une tendance au délayage, car on plusieurs mots alors que peu de mots aurait suffi pour exprimer la même idée.

Je vous conseille de simplifier votre écriture avec un sujet, un verbe et un complément et faire des phrases les plus courtes possibles. Par exemple, si une phrase est trop longue, coupez-là en deux ou trois.

Aussi, ce que vous allez faire, c’est que vous allez vérifier les transitions et les modifier. En effet, lorsqu’on change les paragraphes, les transitions ne sont plus adéquates. Il s’agit là d’une étape de rédaction importante à prendre en compte.

Je vous invite également à supprimer le superflu de tout ce qui est redondant pour simplifier votre écrit.

Vérifiez bien sûr la concordance entre les citations dans le texte et les références bibliographiques générées à la fin. Elles doivent concorder dans le sens où toute citation dans le texte possède une référence bibliographique ; dans le sens contraire, toute référence bibliographique générée en fin d’écrit est citée plus haut dans le corps du texte.

Cependant, si vous utilisez bien Zotero ou tel autre logiciel de gestion bibliographique, qui plus est en mode et mise à jour automatiques, cela devrait être transparent pour vous ; bien sûr, vous devrez vérifier chaque citation et chaque référence.

étape d'édition
relecture

5) Cinquième étape de rédaction : l’étape de relecture (proofreading)

Revoyez la grammaire, la ponctuation et l’orthographe.

Vous devez impérativement faire appel à des services spécialisés de relecture et correction de vos documents dont c’est le métier et qui vous aideront à vérifier et corriger votre production écrite et vos références bibliographiques.

étape de relecture (proofreading)

Conclusion

Vous avez certainement constaté que je n’ai pas évoqué l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), ChatGPT. Cependant, cet outil -ou assistant pourra vous être utile à chaque étape si vous l’utilisez à bon escient.

En effet, comme j’ai pu l’évoquer dans un précédent article, ChatGPT est très bon pour synthétiser et manipuler du texte que vous lui copiez/collez directement et pour lequel vous pouvez lui demander diverses tâches comme la correction, la reformulation, la synthèse, etc.

En revanche, je vous mets en garde sur le contenu « généré » par cette IA à votre demande. Sachez qu’il existe maintenant des outils permettant d’identifier facilement si le contenu provient d’une IA ou d’un contenu humain. J’aurai l’occasion d’y revenir prochainement, mais vous voilà prévenu(e).

En tout cas, si vous suivez les cinq étapes de rédaction que j’ai pu vous présenter, vous serez en mesure de produire des écrits universitaires de qualité, clairs et convaincants. Alors, préparez-vous à relever le défi et à laisser votre voix académique briller à travers vos mots.

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